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Heavy Metal Is The Law
5 février 2012

NO RETURN - Contamination Rises (1992)

noreturn-1NO RETURN "Contamination Rises" (1992)
Style : Death Metal photocopié
Nationalité : France

Chroniquer un disque, c’est pas simple au début. Si, si, faut se l’avouer, ça vient pas comme ça. Avant d’aligner les papiers les uns après les autres et commencer à voir poindre le respect dans les yeux de ses copains de beuveries (ceux qui ont genre 30 CDs et qui connaissent METALLICA), faut commencer par apprendre à écrire, réfléchir sur l’album en question, vérifier son orthographe, soigner ses tournures de phrases… Alors au départ, on fait le petit malin : on regarde un peu chez le voisin, on mate en coin au dessus du classeur (*) pour voir comment l’autre fait pour que ça rende aussi bien et pour se taper systématiquement les meilleures notes… Pas de raison de s'en vouloir : ici, c'est le groupe qui copie !

"Contamination Rises", avec cette pochette si jolie qu'on aimerait encadrer l'album au dessus du lit pour faire de jolis rêves, n’est pas leur premier méfait : en 1990 sort "Psychological Torment", un petit missile Thrash/Death prometteur et inspiré qui trouve facilement son public, notamment en France et en Allemagne où le disque a été enregistré. Pas besoin de vous expliquer la scène : Le groupe se dit qu’après un album de cette trempe, va p’têt falloir mettre les bouchées doubles pour le petit dernier, au risque de se faire lyncher par une horde de chevelus assoiffés de gros son qui tâche si le disque est une piquette imbuvable. Surtout qu'en 1992, tout ou presque en matière de Death Metal a déjà été dit et les standards de l'époque ont mis la barre assez haut. Le monde métallique à tendance "Nécrophile et fier de l’être" est secoué depuis quelques années par des cyclones ravageurs venus du Brésil, d’Angleterre où de la côte est des Etats-Unis, avec des tas de formations aux patronymes effrayants dont les logos dégoulinants ornent même jusqu’aux T-shirts des petits gars de NO RETURN, c’est vous dire si j’ai minutieusement préparé cette chronique en regardant même des photos. La scène commence même à être sacrément surchargée et il n'y a plus beaucoup de place pour les redoublants arrivés après la cloche. Face à ce constat, les français refusent d'attendre tranquillou le passage en grande section et décident de renverser le bac à sable, de défoncer la grille de la cour des grands et d'accessoirement leur envoyer les p'tites roulettes des vélos dans la gueule.

Premier réflexe, on plombe considérablement la voix pour mieux se fondre dans la masse. Monocorde et macabre, elle lorgne maintenant lourdement vers les productions contemporaines des BENEDICTION et NAPALM DEATH (**) période corruption harmonique. Musicalement, on oublie donc les excursions Thrash pour se concentrer sur un Death Metal 100% pur jus d'orange floridien, le nectar de ce qui se faisait en ces temps bénis. Les guitares disent adieu aux premiers rangs squattés par une batterie obèse et vont aller jouer ailleurs, sans toutefois oublier d'être bien poisseuses et collantes comme c'est qu'on leur a dit de faire chez Morrisound. Elles ne reviendront que rarement du fond du jardin (avec les pompes pleines de boue, alors que je viens de faire les sols putain) pour s'imposer dans le mix, tant les fûts prennent toute la place afin de faire subir à nos oreilles chastes un massage des tympans dans les règles de l'art (comprenez : pas le plus fin). J'ai pas vraiment entendu de basse. J'imagine qu'il y en a une, j'aurais p'têt dû faire gaffe mais après tout elle n'avait qu'à mieux se montrer aussi, c'est comme ça, je suis un prof injuste (***).

De prime abord, cet album contient tout ce qu’un fan de Death Old School est en droit d’attendre, et même un peu plus. Les ambiances sont multiples, avec des chansons tour à tour techniques ou rentre dedans. "Contamination Rises" est suffisament aéré et varié pour que l'on ne s'ennuie pas une seconde, mais sait rester un bloc solidaire. Cette homogénéité dans la structuration des morceaux est un plus indéniable : chaque minute de ce deuxième opus contient son lot de passages réjouissants susceptibles de faire plier comme un carambar mâché le plus endurci des mélomanes de l'extrême. Même les lignes de chant qui manquent plusieurs fois de devenir chiantes comme la mort sont saupoudrées de quelques choeurs bienvenus, d'effets sonores bien sentis ou de légères surimpressions à la DEICIDE très agréables. Au milieu de ce tabassage en rêgle, les riffs sont tous au dessus de la moyenne (ce qui n'est pas non plus une mince affaire au vu des influences des parisiens) et sauvent régulièrement l'écoute d'enchainements pas toujours très heureux. Ça joue vite, ça joue bien (l'acoustique "Sorrow" très – trop ? – sepulturienne), on perd pas de temps, les soli inspirés du maitre James Murphy sont souvent d'excellente facture et collent au style à défaut de ne pas toujours apparaître aux bons moments. A première vue, c'est plutôt bandant tout ça !

Sauf que la copie que vient de rendre nos français, toute plaisante qu'elle soit, on l'a déjà lue ailleurs. Allez hop, on sort le marqueur rouge et on gribouille. Tout d'abord, c'est quoi cette intro minable ? "Damnation"... Quelques notes de clavier pourraves balancées à la va-vite avec un hurlement passé à l'envers, Tu crois que je t'ai pas vu copier sur ton voisin de table brésilien SEPULTURA et son "Schizophrenia" déjà dépassé ? Ah bah on se fait pas chier ! Surtout si c'est pour nous faire la même entrée que le "Vision Conquest" de ton camarade NAPALM DEATH tout de suite après sur "Memories", bonjour l'originalité ! Bon, voyons voir la suite... Mouais, "Uncontrolled Situation" (0'30'') ressemble un peu à ce que fait ton petit copain OBITUARY ("I'm In Pain"), mais il est au fond de la classe à collectionner les mouches mortes près du radiateur, alors passons... "Trash World" commence comme "From The Past Comes The Storm", là ça suffit, tu me donnes ton carnet. Tu pensais p'têt qu'un riff comme celui ci passerait inaperçu ? Et ça c'est quoi ? Oui je vois bien que ça s'appelle "Sacred Bones", mais c'est quoi ce solo à 3'32'' ? C'est DEATH, le premier de la classe, qui te passe des petits papiers en douce c'est ça ? Non mais t'en veux une ? C'est le solo de "Living Monstrosity" sur "Spiritual Healing" ça, je reconnais même l'effet flanger utilisé à 2'04'' et la montée à 2'33'' ! Comment ça "il me l'a prété le flanger" ? J'ai déjà répété plusieurs fois que je ne voulais pas que l'on prète ses affaires ! Je vais faire quoi moi si toute la classe me refile les mêmes copies hein ? Bon, la suite... "World Of Impurities"... De mieux en mieux : à 1'52'', des arpèges à la gratte sèche sur du riff saccadé, que ça viennent de "Beneath The Remains" ou de "Desperate Cry", on a bien compris que c'est chez le petit SEPULTURA que tu pompais toutes tes idées... Et puis ce break à 2'34'', c'est "The Chains That Bind Us" du chahuteur NAPALM DEATH... (à 3'00''... c'est d'ailleurs la seule accalmie du "Harmony Corruption", vous pouvez pas la rater). Ça sent la bulle mon gaillard ! (****)

Vous l'aurez compris, dur dur de supplanter les maîtres du genre. NO RETURN n'explose pas les frontières et ne défonce pas les sentiers avec cette galette, d'autres sont passés avant et la route est déjà bien dégagée. Le groupe nous dit juste qu'en France aussi on sait faire du bourrin (c'était en gros le message dispensé par la compilation "Masters Of Brutality" où apparaît le groupe ainsi que LOUDBLAST). Du bourrin propre, étudié mais malheureusement un poil impersonnel ici. Le tout finit par ressembler à un vieux patchwork décousu, et c'est d'autant plus dommage que les pièces rapportées étaient toutes très belles. Mais "Contamination Rises" c'est aussi une jolie photo de classe de l'année 1992, une de ces photos jaunies qui rappelle pleins de bons souvenirs et remplit le coeur de mélancolie. Vous savez quoi ? Ne m'écoutez pas. Envoyez vous ça malgré tout dans les cages à miel, vu le pied que je prends en ce moment même, vous ne risquez pas d’être déçu !

(*) Un classeur ouvert et posé debout au milieu de la table pour éviter la triche en primaire, en voilà un concept génial. Les gosses sont des putes.
(**) C'est le même chanteur, Mais deux références au lieu d'une c'est nettement plus classe.
(***) Le son du vinyle joue peut être aussi. Oui oui, c'est juste histoire de dire que j'ai le vinyle.
(****) Je suis énervé parce que j'ai passé un temps fou à essayer de me souvenir d'où venait le riff de "Sacred Bones" à 2'36''... avant de me rendre compte que ça venait du même groupe et du même album ("Revolt Of The Hanged", 1'10''). Si le groupe se pompe lui même faut pas m'en vouloir !

LINE UP :

Phil Ordon : Chant
Didier Le Baron : Batterie
Laurent Janaut : Basse
Eric Le Baron : Guitare
Alain Clement : Guitare

TRACKLISTING :

1. Damnation
2. Memories
3. Raving Lunatic
4. Uncontrolled Situation
5. Trash World
6. Sacred Bones
7. World Of Impurities
8. Civil War
9. Perversion
10. Sorrow
11. Mass Grave
12. Revolt Of The Hanged

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